Café In mars 1997


Le "Café Philo" à Tokyo, une expérience du débat au pays de la modestie et de la réserve...

Depuis peu, "l'Open Café" est à la mode au Japon.

"Les Deux Magots" est la première filiale étrangère de celui de Paris et "Un Cafe" situé à coté de l'Université des Nations Unies, bref des "UN".
Dans des magazines féminins, des pages entières sont consacrées à la mode Française et mettent en scène souvent des "Open Cafés" au Japon.
Mais le café, n'est-il pas tout d'abord un lieu de discussion, comme en France ? Est-ce que l'esprit peut trouver sa place, ainsi que son style, au Japon? A l'occasion de la traduction du livre "Un Café pour Socrate" de Marc Sautet, qui organise des débats philosophiques dans des cafés à Paris depuis 1992, ce " philosophe de quartier " est venu à Tokyo à la fin du mois de novembre et a essayé d'animer 2 débats dans ces cafés, comme à Paris. " Jusqu'à l'ouverture, je ne m'attendais pas à ce que les participants proposent des thèmes l'un et l'autre." nous a dit une des organisatrices de cet événement qui tient en grande estime le "Cafe Talk", appellation japonaise du Café Philo. Au "Café" ce jour-la, on pouvait voir une soixantaine de japonais, tous ages et sexes confondus, étudiants, femmes au foyer, francophiles, qui discutait longuement sous la direction de Marc Sautet comme il le fait à Paris.

Le thème choisi parmi toutes les propositions des participants est "le hasard" et l'assemblée en discute en utilisant des expériences personnelles.
Au bout de 2 heures de discussion animée, les échanges s'achévent sur l'opinion de M.Sautet: "le hasard est lié à l'injustice et on parle de "hasard" lorsque l'on ne peut pas trouver une vraie relation de cause à effet".

Au Japon, il y a un programme télévisé mensuel appelé "Asa madé Nama TV"(débat en direct jusqu'au matin) qui est très populaire et dans lequel les polémistes discutent durant plusieurs heures, après minuit, sur les événements actuels.
Au contraire de la Diet où le Premier Ministre et les chefs de partis répondent toujours aux questions en lisant des notes manuscrites et ne s'expriment jamais par des propos personnels. C'est assez typique des japonais qui ne brillent guére par leurs talents oratoires.
Ce "Cafe Talk" a été très utile à nos amis japonais pour exprimer leurs doutes au quotidien; et les derniers mots de Sautet les ont vivement impressionnés: "Bien mieux que la religion, la politique et l'économie, la philosophie vous donnent de bonnes explications sur l'injustice" Mais y aura-t-il toujours des animateurs pour diriger et animer les participants ?
Ceux-ci pourront-ils s'assembler comme aujourd'hui ?
Ce genre de "café" deviendra-t-il aussi populaire au Japon qu'il l'est maintenant en France ?
Si un tel lieu se révéle être une psychothérapie efficace, comme l'est le "Cabinet de Philosophie" de Sautet à Paris, il se pourrait qu'il se développe, dans cette optique, au Japon. Une prochaine rencontre aura lieu encore une fois avec M.Sautet, nous dit le libraire de la traduction, mais aucune date n'est encore fixée.
Nous espérons que cet essai ne restera pas une seule et unique présentation de la culture Française à la mode, mais sera suivie de nombreuses autres manifestations de cette qualité.

Akari Kurosaki


© Akari Kurosaki